Le comédien Zarganar paie au prix fort sa liberté de ton
Le comédien birman Zarganar, fort en gueule et très populaire en Birmanie, est détenu depuis le 4 juin dernier. La junte n'a pas jugé nécessaire de justifier son arrestation, mais elle le punit vraisemblablement pour avoir critiqué sa gestion de la crise humanitaire après le passage du cyclone Nargis. Lire la suite...
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Le comédien birman Zarganar, fort en gueule et très populaire en Birmanie, est détenu depuis le 4 juin dernier. La junte n'a pas jugé nécessaire de justifier son arrestation, mais elle le punit vraisemblablement pour avoir critiqué sa gestion de la crise humanitaire après le passage du cyclone Nargis.
Zarganar, 47 ans, est dans la ligne de mire des autorités depuis des années et a déjà fait plusieurs séjours en prison. Il s'était rendu en septembre dernier auprès des moines manifestants pour leur apporter de la nourriture. Il s'est également directement impliqué dans l'aide aux victimes du cyclone qui vient de dévaster le pays. Enfin, il est l'un des rares intellectuels à parler ouvertement aux médias étrangers. Il a par exemple très clairement condamné le gouvernement pour son impuissance à aider les victimes du typhon.
Images de dévastation après le cyclone
Cette vidéo est extraite d'un DVD sur le cyclone qui se vend à Rangoun et nous a été rapporté par un humanitaire en mission dans ce pays. Attention, certaines images peuvent choquer.
Le comédien sur les planches
Publié sur YouTube par "TZA" le 14 novembre 2006. Cette vidéo a été tournée avant que le comédien ait reçu l'interdiction de se produire, en septembre 2006.
"Ils me mettaient dans une petite pièce, les yeux bandés et les mains liées, et me tabassaient"
U Aung Din est un ami de longue date de Zarganar. Soupçonné d'activisme politique au sein du mouvement étudiant, il a été emprisonné entre 1988 et 1992. Il a fui le pays pour les Etats-Unis en 1995, mais est resté en contact avec le comédien.
Ils sont passés le prendre chez lui et l'ont jeté en prison. C'est leur façon de faire et ce n'était pas une surprise. Les autorités ne l'aiment pas parce que son métier est noble, parce que les gens l'adorent alors qu'eux sont détestés. C'est un homme très courageux. C'est la quatrième fois qu'on l'arrête en 20 ans. Et à chacun de ses passages en prison, il est torturé.
Moi-même, j'ai passé quatre mois dans un centre d'interrogation militaire. Ils me mettaient dans une petite pièce, les yeux bandés et les mains liées, et me tabassaient. Je me sentais comme un ballon de foot. Attaché et complètement impuissant. J'ai également été pendu au plafond, la tête en bas, et torturé avec de l'eau. Je passais des heures debout, puis ils me disaient de me mettre à genoux sur un sol recouvert de morceaux de verre. Ils me demandaient de ramper, hurlaient et me frappaient à nouveau. Après ça, ils me laissaient dans une pièce vide sans nourriture pendant une semaine. Ca devenait une routine.
Moi, j'ai trop peur d'y retourner, c'est pour ça que j'ai fui. Lui, je pense qu'il ne partira jamais. Même s'il en a envie, il ne le fera pas. C'est quelqu'un qui pourrait changer le pays."