ZIMBABWE

Fini de rêver, Mugabe reste en place

Un poster de campagne de Mugabe. Les espoirs d'un changement de pouvoir au Zimbabwe ont fait long feu. Morgan Tsvangirai, arrivé en tête du premier tour de l'élection présidentielle, a jeté l'éponge face à la répression dont étaient victimes les membres de son parti. Nos Observateurs dans le pays sont presque soulagés. Lire la suite...

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Un poster de campagne de Mugabe. "Les Britanniques sont venus saisir nos terres (...). Il est temps de tirer les fruits de l'indépendance".

Les espoirs d'un changement de pouvoir au Zimbabwe ont fait long feu. Morgan Tsvangirai, arrivé en tête au premier tour de l'élection présidentielle, a jeté l'éponge face à la répression dont étaient victimes les membres de son parti. Nos Observateurs dans le pays sont presque soulagés.

Après des mois d'attente, les Zimbabwéens ont appris dimanche que le processus électoral était définitivement enterré. Morgan Tsvangirai, le leader du Mouvement pour le changement démocratique (MDC), a jeté l'éponge pour enrayer les violences : 80 membres du MDC auraient été tués et 3 000 hospitalisés depuis le premier tour de l'élection. La peur et l'inflation, qui ronge le pouvoir d'achat - 120% par semaine, selon le quotidien local Herald -, ont eu également raison de la volonté des électeurs zimbabwéens.

"Le club des losers" : Blair, Bush, Brown et...Tsvangirai

La pub télé la plus récente en faveur de Mugabe. Mise en ligne par le blogueur ZimStallion le 22 juin 2008.

 

Une publicité reproduite dans le quotidien zimbabwéen The Herald, le 13 juin 2008.

"Les miliciens viennent frapper à vos portes pour vous demander pour qui vous allez voter"

Gerald Matiba est responsable de projet pour la Christian Legal Society à Bulawayo (sud du pays).

La situation est confuse, mais les gens pensent dans l'ensemble que Tsvangirai a pris la bonne décision. Il y a quelques semaines, nous espérions encore. Mais maintenant, avec toute cette violence... J'ai moi-même vu un homme avec le visage tailladé, et un autre dont les poignets avaient été lacérés. Et puis tant de gens ont dû quitter leur domicile. Des miliciens viennent frapper aux portes et vous demandent pour qui vous comptez voter. Quelle que soit votre réponse, ils tentent de vous intimider. Ceux qui ont le malheur de dire qu'ils souhaitent voter pour Tsvangirai sont emportés. Et nous ne savons pas ce qui leur arrive ensuite. Certains disent qu'ils sont torturés, ou même tués.

Les gens ne comptaient pas aller voter. Nous étions sûrs de ce qui allait arriver et nous aurions laissé Mugabe gagner pour éviter les ennuis. Je travaille pour un centre d'assistance juridique chrétien. Nous devons travailler sous couvert, uniquement par Internet. La semaine dernière, nous avons même reçu des menaces. Le quotidien est suffisamment difficile."

"On a fait ce qu’on pouvait nous-mêmes. Maintenant on a besoin d’aide"

Munyoro est un fermier des environs de Bulawayo. Il préfère rester anonyme.

Ca [le retrait de Tsvangirai] n'a pas été un grand choc, mais c'est frustrant. Je vis dans un endroit calme. Ici, nous n'avons pas été intimidés. Nous voulions vraiment voter, même s'il était peu probable que l'opposition accède réellement au pouvoir.

Avec l'inflation, il faudrait normalement que nos salaires soient multipliés par cinq pour survivre. Et pourtant on survit. On ne fait plus qu'un repas par jour. On fait l'impasse sur le pain et le sel. On ne prend plus la voiture ou le bus. Les gens se lèvent à 5 heures du matin pour aller au travail à pied. J'ai des voisins qui mettent jusqu'à trois heures pour aller au boulot.

J'espère vraiment que les Nations unies et la communauté internationale vont joindre l'action à la parole. On a fait ce qu'on pouvait nous-mêmes. Maintenant on a besoin d'aide."