L’intervenant disparu
Il reste malgré tout quelques traces de sa présence sur le plateau... Mikhaïl Deliaguin, analyste politique très critique du Kremlin, avait été invité en octobre 2007 à un débat sur la chaîne russe TV Centre. Les voix critiques auraient-elles désormais leur place sur dans les médias russes ? Pas vraiment. Lors de la diffusion de l'émission, quelques jours plus tard, l'opposant n'apparaissait plus sur les images. Lire la suite...
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Mikhaïl Deliaguin, analyste politique très critique du Kremlin, avait été invité en octobre 2007 à un débat sur la chaîne russe TV Centre. Les voix critiques auraient-elles désormais leur place sur dans les médias russes ? Pas vraiment. Lors de la diffusion de l'émission, quelques jours plus tard, l'opposant n'apparaissait plus sur les images.
Les producteurs de l'émission - qui s'appelle pourtant "Le Peuple veut savoir" - ont dû réaliser un peu tard leur erreur de casting. Ils ont supprimé les interventions de Mikhaïl Deliaguin au montage, comme aux grandes heures de l'Union soviétique. Une censure un peu bâclée, toutefois, car on aperçoit encore la cravate rouge et les chaussettes de l'intervenant gênant.
Mikhaïl Deliaguin est un économiste qui a conseillé Boris Eltsine et de nombreux hommes politiques aujourd'hui écartés du pouvoir. Il dénonce régulièrement l'organisation militaro-oligarchique du pouvoir, ainsi que la parodie électorale qui se joue en Russie.
"Les grands médias (...) acceptent tous de s'autocensurer"
Vitaly Dymarskiy, éditorialiste aux Echos de Moscou, une radio russe relativement indépendante, commente cette affaire :
Avant les élections législatives et présidentielle en Russie, il existait une liste noire des intervenants dans les médias. Ce n'était pas une liste formelle, établie par des organes de censure, mais une liste circulant par le bouche-à-oreille. Elle incluait toutes les personnes susceptibles de critiquer le pouvoir, la façon dont sont organisées les élections, ou le parti de Poutine - "Russie unie". Cette liste comprenait bien sûr tous les membres de l'opposition radicale, tels que Kasparov, Kassianov, Rizkov, Limonov....
Mikhaïl Deliaguin était aussi dans cette liste. Apparemment, la direction de la chaîne s'en est aperçue trop tard, au moment du montage. Deliaguin a donc été "effacé" au dernier moment. Mais cette affaire est assez ancienne. Elle ressort maintenant dans la presse américaine parce que, à mon avis, le nouveau président a suscité l'espoir d'un changement.
Au début des années 2000, les journalistes embarrassants étaient tout simplement licenciés [référence notamment aux départs forcés de la chaîne NTV des journalistes connus Kisselev et Parfenov]. Maintenant, les grands médias, ceux qui ont un impact sur les élections, acceptent tous de s'autocensurer. L'autocensure intervient à tous les niveaux, des simples journalistes à la direction."
Des images de l’émission

