Les exhibitionnistes exhibés sur le Net
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Constatant que personne ne s’intéressait au harcèlement sexuel dont sont victimes les femmes indiennes, Jasmeen Patheja a pris le taureau par les cornes. Sa réponse aux exhibitionnistes : les prendre en photo et poster ses clichés sur Internet. Une démarche qui a déjà porté ses fruits.
Constatant que personne ne s'intéressait au harcèlement sexuel dont sont victimes les femmes indiennes, Jasmeen Patheja a pris le taureau par les cornes. Sa réponse aux exhibitionnistes : les prendre en photo et poster ses clichés sur Internet. Une démarche qui a déjà porté ses fruits...
Jasmeen Patheja, la fondatrice du site Blank Noise, encourage les femmes à raconter leurs expériences en ligne, aussi triviales soient-elles. Elle leur demande aussi de décrire et de prendre en photo les hommes qui les "eve tease" - une expression indienne pour définir des comportements sexuellement agressifs allant du simple regard au crachat. Une indienne a relevé le défi et a posté sur Flickr la photo d'un homme qu'elle a croisé le pantalon sur les chevilles.
Poster de la campagne "Blank Noise This Place"
"La plupart des femmes pensent que c'est de leur faute"
Jasmeen Jasmeen Patheja est la fondatrice de Blank Noise
Prendre des photos est un moyen d’affronter ce problème avec humour. Je me rappelle d'un homme, dans un bus, qui n'arrêtait pas de me toucher. Je lui ai crié plusieurs fois dessus pour qu'il arrête, mais il n'y avait rien à faire. Alors j'ai pris une photo de lui et son visage s'est décomposé. Il s'est excusé et est descendu du bus.
A force d'avoir ce type de mauvaise expérience, les femmes considèrent tous les hommes qui les approchent comme des pervers. Une autre fois, j'étais dans un café et un homme a fait un signe à son ami et m’a souri. Avant de partir, j’ai pris une photo de lui et je lui ai donné un prospectus de Blank Noise. Plus tard, il m’a appelé car il avait peur que je considère son attitude comme du harcèlement.
Peu de femmes sont assez courageuses pour prendre en photo un exhibitionniste. Et il faut déjà avoir conscience que ce n’est pas un comportement acceptable. Car beaucoup de femmes pensent toujours que c’est de leur faute, ou que c’est un accident."
"Prends ça salopard !"
Posté le 26 Mars 08
Dianne Sharma Winter, de Manali (nord de l’Inde), a été la première à partager son expérience sur ‘Blank Noise This Place'
J’avais des bouffées de chaleur. J’ai donc décidé de faire un tour dans le parc pour me rafraîchir... Là je l’ai vu. Il se cachait derrièreles arbres, le pantalon sur les chevilles. Quoi faire ? J’aurai pu continuer mon chemin et rester loin de lui. J’aurais pu mettre mes lunettes de soleil pour ne plus le voir et continuer. Mais je me suis alors rappelée de mes sœurs de Blank Noise et de leur campagne qui incitait à prendre des photos de ces salopards. Donc j’ai sorti mon appareil photo et j’ai continué à marcher comme une simple touriste. Puis, soudain, je me suis retournée et j’ai pris la photo. Prends ça salopard !"
"Une femme doit rester pure"
Renuka Renuka Singh est une sociologue de l’université de Jawaharlal Nehru de New Dehli.
Les gens ne parlent pas de ce problème car les femmes, en Inde, sont considérées comme l’honneur de la famille. Elle ne doivent jamais être associées à de telles choses. Lorsque c’est le cas, c’est elle qui est jugée coupable et punie. Car elle doit rester pure.
Je me rappelle, quand j’étais enfant, mes parents nous avait dit d’ignorer ces choses si elles nous arrivaient. Le vrai problème c’est que les mères n’abordent pas ce problème avec leurs fils. Elles considèrent que ce type de comportement n’est pas important, tant qu’ils restent vierges pour leur mariage. Mais je ne pense pas que la façon dont ils traitent le problème [sur le site Blank Noise] va résoudre ce problème. Cela ne fait que compliquer les choses. "