Des armes chinoises bloquées au large du Zimbabwe
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Le An Yue dans un port japonais. Photo: http://niraikanai.sakura.ne.jp. [Nous n'avons pas trouvé de photo amateur récente du bateau] Un navire chinois, le An Yue Jiang, tente actuellement de livrer des armes au Zimbabwe. Une cargaison qui pourrait, selon des blogueurs, aider Mugabe à reprendre le contrôle du pays malgré une probable défaite électorale. Le Zimbabwe n'ayant pas d'accès à la mer, le bateau doit accoster dans un port de la région pour y décharger sa cargaison. Mais les dockers sud-africains refusent de jouer les intermédiaires pour la dictature zimbabwéenne.
Le An Yue dans un port japonais. Photo: http://niraikanai.sakura.ne.jp. [Nous n'avons pas trouvé de photo amateur récente du bateau]
Un navire chinois, le An Yue Jiang, tente actuellement de livrer des armes au Zimbabwe. Une cargaison qui pourrait, selon des blogueurs, aider Mugabe à reprendre le contrôle du pays malgré une probable défaite électorale. Le Zimbabwe n'ayant pas d'accès à la mer, le bateau doit accoster dans un port de la région pour y décharger sa cargaison. Mais les dockers sud-africains refusent de jouer les intermédiaires pour la dictature zimbabwéenne.
Quelques jours après les élections générales, le Zimbabwe a commandé à la Chine trois millions de balles pour AK-47, 1 500 roquettes et 3 000 mortiers. Le navire affrété pour transporter ces armes, le An Yue Jiang, est arrivé à Durban, en Afrique du Sud, la semaine dernière. Mais le syndicat de dockers local a refusé de décharger la marchandise, une décision justifiée a posteriori par une décision de la Haute cour du pays. Le bateau chinois a donc dû quitter Durban vendredi pour chercher un autre port d'accueil. Le Mozambique et la Zambie ayant refusé de le recevoir, il semble aujourd'hui faire route vers l'Angola. Mais, alors que les violences augmentent au Zimbabwe, aucun gouvernement ne souhaite prendre la responsabilité de décharger ces armes chinoises.
"Si ces armes arrivent au Zimbabwe, elles vont participer à l'augmentation des violences"
Louise Rimmer travaille pour le Réseau international contre les armes de faible intensité, qui a lancé une pétition pour stopper le cargo chinois.
Les armes ne sont pas simplement utilisées pour tirer sur des gens. Elles permettent aussi d'intimider, afin de commettre des vols ou des brutalités. Si ces armes arrivent au Zimbabwe, elles vont participer à l'augmentation des violences. Nous avons mobilisé des avocats pour empêcher qu'elles arrivent au Zimbabwe. Nous avons également lancé une pétition sur notre site, que nous allons ensuite envoyer à tous les gouvernements de la région, pour leur montrer que le monde a les yeux rivés sur eux. Nous avons réussi à bloquer la cargaison vendredi, nous allons faire de même dans les autres ports."
"Les autorités sud-africaines facilitent cette livraison d’arme au Zimbabwe"
Nicole Fritz est la directrice du Centre de soutien juridique d'Afrique du Sud, qui travaille en particulier sur les droits de l'homme au Zimbabwe.
On ne peut pas révéler la source de nos informations, mais nous pensons que le bateau n'a plus beaucoup de carburant. Il doit donc naviguer à faible allure et il n'arrivera pas en Angola avant jeudi. Et avant cela, il va devoir s'arrêter quelque part. Personne ne semble avoir réalisé que ce bateau est actuellement dans les eaux territoriales sud-africaines, en violation du jugement émis vendredi par la Haute cour de justice. Les autorités pourraient envoyer un navire pour intercepter le cargo chinois, mais elles ne le font pas. Pour moi, elles facilitent cette livraison d'armes au Zimbabwe et manquent totalement de transparence sur cette affaire."
"Même les syndicats chinois nous soutiennent"
Randall Howard est le secrétaire general du syndicat sud-africain des transports (Satawu), qui a refusé de décharger le An Yue quand celui-ci a accosté à Durban.
Je ne voulais pas que mes travailleurs s'occupent de cette cargaison, on était d'ailleurs tous d'accord là-dessus. Ce qu'on a fait est normal et juste. Maintenant, on organise une campagne pour que ce bateau ne puisse décharger sa cargaison nulle part. Ca va être la bagarre, mais on a déjà réussi à l'empêcher d'accoster au Mozambique. Maintenant, il se dirige vers l'Angola, mais on travaille déjà avec des dockers là-bas. Notre gouvernement a pris une position que nous ne partageons pas. Je suis sûr que les Sud-africains nous soutiennent. Nous avons déjà reçu des milliers de messages de remerciement, même quelques centaines qui venaient du Zimbabwe. Même les syndicats chinois nous soutiennent. S'ils avaient le choix, ils ne déchargeraient pas cette cargaison."