54 Birmans morts en fuyant le pays : "c’est loin d’être la première fois"

Des clandestins birmans interpellés par la police thaïlandaise. Source : Human Rights and Development Foundation.

Date inconnue.

54 Birmans ont été retrouvés morts étouffés dans un camion frigorifique censé les transporter de la frontière birmane à la station touristique de Phuket, en Thaïlande. Un incident qui fait la une des médias aujourd'hui, mais qui est loin d'être un cas isolé selon notre Observateur birman.

Ces victimes faisaient partie d'un groupe de 121 personnes entassées dans un camion de six mètres sur deux servant habituellement à transporter du poisson congelé. Le système de ventilation a lâché, et les clandestins ont peu à peu suffoqué dans le véhicule, resté longtemps bloqué à un poste de contrôle thaïlandais. Selon l'agence AP, lorsque le chauffeur s'est aperçu du désastre, il a fui en laissant son camion sur place. Ce sont des villageois, alertés par le bruit, qui sont venus secourir les clandestins, pour la plupart des femmes.

Nang Aye, 28 ans, a quitté la Birmanie clandestinement pour venir travailler à Chiang Mai, dans le nord de la Thaïlande. Elle nous raconte son périple. Vous pouvez lui poser des questions sur sa fiche profil.

J'habitais à Mong Ton, un village de l'est de la Birmanie, à la frontière thaïlandaise. Je viens d'une famille de cinq enfants. Mes parents sont fermiers. Ils gagnaient 300 000 Kyats (160 euros au taux de change réel) par an, ce qui ne suffisait pas à nourrir la famille. En plus, en Birmanie, on paie beaucoup de taxes et le gouvernement peut vous forcer à travailler pour lui sans vous payer. Mes parents ont donc décidé de partir, en 2003, et je suis venu avec eux.

J'ai négocié avec des passeurs, des Birmans qui habitent en Thaïlande, pour qu'ils m'emmènent à Chiang Mai. Ca m'a coûté 3 000 Baths (60 euros). Ils m'ont fait passer la frontière avec la Thaïlande à pied. J'ai marché pendant cinq heures à travers la forêt. Ensuite, ils m'ont fait monter dans un camion, avec une dizaine d'autres personnes. On a changé de camion plusieurs fois avant d'arriver à Chiang Mai, et j'ai dû marcher à plusieurs reprises. Mais mon voyage s'est bien passé si l'on compare à ce qui s'est passé aujourd'hui.

A l'époque, les autorités thaïlandaises nous toléraient. Pour 3 500 Bahts, on obtenait un permis de séjour d'un an. Mais, aujourd'hui, c'est beaucoup plus dur pour les clandestins. Les autorités thaïlandaises sont plus strictes et elles ont mis en place des check-points là où ils passaient la frontière. Le prix du transport a donc monté et les Birmans prennent d'avantage de risques pour entrer en Thaïlande. Cette fois les médias en parlent, mais ça n'est pas nouveau. Il y a souvent des morts au cours de ces trajets."