Est-ce que le Zimbabwe irait vraiment mieux sans Mugabe ?
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"The monster is cornered" postée sur Flickr par Alors que les résultats des élections se font toujours attendre, nos Observateurs au Zimbabwe se demandent déjà ce que pourrait devenir leur pays sans Robert Mugabe, qui les dirige d’une main de fer depuis 28 ans.
"The monster is cornered" postée sur Flickr par Sokwanele
Alors que les résultats des élections se font toujours attendre, nos Observateurs au Zimbabwe se demandent déjà ce que pourrait devenir leur pays sans Robert Mugabe, qui les dirige d'une main de fer depuis 28 ans.
Les rumeurs vont bon train sur la démission de Mugabe, qui serait sur le point de « rendre les clefs de sa Mercedes » à son principal opposant, Morgan Tsvangirai. Mais le départ du vieux chef est encore tout sauf certain. Certains de nos Observateurs pensent en effet que ce délai dans l'annonce des résultats est le signe que le parti au pouvoir, le ZANU, falsifie les résultats pour envoyer Mugabe au second tour, ou qu'il serait en train de passer un accord, en cachette, avec les partis d'opposition. Mais quel que soit le résultat du scrutin, les Zimbabwéens se prennent déjà à rêver à l'après-Mugabe...
"Je vais enfin pouvoir travailler sans craindre les lois sur la sécurité"
Hope Chin'ono est journaliste pour une télévision sud-africaine à Harare.
Bien sûr que si Mugabe part, les changements seront énormes. Car le nouvel homme fort ne sera pas du même parti, il n'aura pas du tout les mêmes valeurs. Pour les gens ordinaires, les changements les plus significatifs vont être d'ordre économique : ils vont pouvoir envoyer leurs enfants à l'école, se faire soigner à l'hôpital, etc. Moi, en tant que journaliste, je vais enfin pouvoir travailler sans craindre les lois sur la sécurité, qui m'empêchent de faire mon métier correctement."
"Une fois Mugabe parti, je vais songer à rentrer au pays"
Sandra Nyaira a quitté le Zimbabwe en 2006 et vit aujourd'hui à Londres, où elle poursuit ses études :
Les changements seront énormes si Mugabe quitte le pouvoir. Le pays s'ouvrira de nouveau à l'ouest, ce qui créera du business et des emplois. Ces dix dernières années ont été extrêmement difficiles pour les Zimbabwéens. Le plus dur est le manque d'accès aux soins - pas assez de médicaments contre le sida, peu de médecins, etc. -, le chômage, la pénurie de nourriture et le niveau déplorable des services de base. Si Tsvangirai devient président, personne ne le laissera régner sur le pays comme Mugabe. Les gens vont s'énerver car leur vie ne va pas complètement changer en quelques jours. Mais ils auront au moins une chose tout de suite : la liberté d'expression. Et le MDC [parti d'opposition actuellement en tête des élections] a promis de faire flotter à nouveau la monnaie [le taux de change est actuellement fixe], ce qui devrait faire rapidement baisser les prix. Une fois Mugabe parti, je vais songer à rentrer au pays, comme beaucoup d'autres exilés d'ailleurs. Mais je vais attendre les premières déclarations du nouveau gouvernement, pour être sûre qu'il y aura du travail et que nous pourrons participer à la reconstruction du pays"
"Nous sommes encore mal préparés au départ de Mugabe"
Bev Clark est responsable de la communauté d'activistes Kubatana.net. Elle vit à Harare.
Je ne suis pas quelqu'un de très optimiste par nature. Le système ne va pas changer entièrement juste parce que Mugabe est parti. Le système lui-même est mauvais. Et je pense que nous sommes encore mal préparés au départ de Mugabe. Nous avons vécu dans son ombre si longtemps. Il faudrait une convention nationale qui débouche sur une nouvelle Constitution. Il faudra tout remettre à plat : les droits des minorités, des homosexuels, des femmes, etc. Nous avons eu peur si longtemps. Le simple fait d'envoyer une lettre à un journal sous son vrai nom sera une révolution. Il y a aussi des petites choses qui devront changer. Le portrait du président Tsvangirai ne devra plus être affiché dans tous les bureaux de fonctionnaires, les hôpitaux et les écoles."