ISRAEL / PALESTINE

"Nous attendons avec inquiétude la riposte israélienne"

L'école talmudique après la tuerie, le 6 mars 2008. Photo : S. Meshi – ZAKA. Un homme armé est entré dans une école talmudique de Jérusalem jeudi soir et a fait un carnage : huit morts et une dizaine de blessés. Nos Observateurs dans la région, le jeune Palestinien Rafe Jabari et l’Israélien Ariel Woolf, qui enseigne dans une école talmudique, réagissent à cette tuerie.

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Un homme armé est entré dans une école talmudique de Jérusalem jeudi soir et a fait un carnage : huit morts et une dizaine de blessés. Nos Observateurs dans la région, le jeune Palestinien Rafe Jabari et l’Israélien Ariel Woolf, qui enseigne dans une école talmudique, réagissent à cette tuerie.

"Je connais cette "yeshiva" et je sais que ses étudiants sont pacifiques"

Ariel Woolf, 23 ans, enseigne à la "yeshiva" de Hesder Petach Tiqwa, un institut d'études talmudiques proche de Tel-Aviv :

La "yeshiva" frappée par l'attentat est le plus ancien institut d'études talmudique d'Israël. Il a été fondé par une grande figure juive, le rabbin Abraham Isaac Kook, et date d'avant la création de l'Etat d'Israël. Ce n'est pas une école qui accueille uniquement des colons. Mais cette "yeshiva" enseigne effectivement le sionisme religieux, un courant de pensée dont se réclament la plupart d'entre eux.

 

J'ai bien sûr été choqué par cet attentat. D'autant que je connais cette "yeshiva" et je sais que ses étudiants sont pacifiques. L'un d'entre eux avait une arme [un étudiant a en effet tiré sur le terroriste], mais ça ne veut pas dire que tous sont armés. C'est en fait très rare. Seuls des officiers de l'armée et des personnes qui habitent dans des zones à risques sont autorisées à porter une arme.

Il faut bien sûr une réaction forte d'Israël. Le gouvernement n'a pas pour l'instant réussi à assurer la sécurité des Israéliens et il faut que ça change. Mais cette réaction doit être militaire. Elle ne doit pas venir des civils."

 

"Nous attendons avec inquiétude la riposte israélienne"

Rafe Jabari est un Palestinien d'Hébron. Il prépare une thèse sur l'aide aux Palestiniens à l'Institut d'études politique de Paris :

Il ne faut pas croire que tous les Palestiniens célèbrent cette tuerie. Les photos que les médias reprennent, de Palestiniens qui exultent, ont été prises à Gaza. Ce sont des militants du Hamas. Les Palestiniens, dans l'ensemble, sont partagés entre l'inquiétude et la frustration. Cet attentat arrive après une offensive meurtrière de l'armée israélienne à Gaza [127 morts depuis le 27 février], qui n'a déclenché aucune réaction de la part de la communauté internationale. Et les médias en ont peu parlé, comparé à l'attentat d'hier. Les Palestiniens vivent très mal ce deux poids deux mesures.

Les défaites militaires du Hamas sont en fait des victoires politiques. Ce mouvement sort plus fort de chacune de ces incursions armées israéliennes. Cette dernière intervention à Gaza a permis aux éléments les plus durs de reprendre le contrôle du Hamas, bien qu'ils ne soient pas majoritaires. Personne ne croyait aux accords d'Annapolis, mais aujourd'hui ils sont clairement enterrés. Et nous attendons bien sûr avec inquiétude la riposte israélienne."