PAYS-BAS

Le film qui va mettre le feu aux poudres

Une image du Coran tirée du film. Le texte à droite : "Attention : ce livre contient des images choquantes". Publié le 26 janvier par De Telegraaf Le député d’extrême droite néerlandais Geert Wilders a annoncé qu’il s’apprêtait à sortir un film « anti-Coran ». Personne n’a vu ce documentaire, mais tout le monde s’attend déjà à une deuxième affaire des caricatures.

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Une image du Coran tirée du film. Le texte à droite : « Attention : ce livre contient des images choquantes ». Publié le 26 janvier par De Telegraaf

Le député d’extrême droite néerlandais Geert Wilders a annoncé qu’il s’apprêtait à sortir un film « anti-Coran ». Personne n’a vu ce documentaire, mais tout le monde s’attend déjà à une deuxième affaire des caricatures.

Ce vendredi, les autorités pakistanaises ont ordonné le blocage de YouTube dans tout le pays. Selon un officiel pakistanais, cité par l’Agence AP, cette mesure radicale visait à empêcher la diffusion de la bande-annonce du film de Geert Wilders. Pourtant, aucune image de ce documentaire n’est pour l’instant disponible sur YouTube. Seul le quotidien néerlandais De Telegraaf en aurait reçu des extraits, mais il n’en a pour l’instant publié que quelques images sur son site. Personne n’a donc vu le film de Geert Wilders, mais tout le monde craint déjà, du Pakistan aux Pays-Bas, qu’il mette le feu aux poudres.

Dossier réalisé avec l’aide de notre Observateur aux Pays-Bas, Carl Konigel.

Parodie de bande annonce : « Le film le plus provocateur que tu n’as jamais vu »

Fausse bande annonce du film de Geert Wilders

Posté le 9 janvier 2008. Il semble que les autorités pakistanaises aient bloqué YouTube en raison de cette vidéo, pensant qu'il s'agissait de la bande annonce officielle du film de Geert Wilders. Ce qui n'est pas le cas.

"Il veut créer une deuxième affaire des caricatures"

Le commentaire de Laurent Chambon, un sociologue français installé aux Pays-Bas depuis 14 ans, auteur d'un livre sur les minorités en politique et dans les médias :

Geert Wilders est un ancien du VVD, un parti libéral qui a peu à peu dérivé vers la droite nationaliste. Il a été exclu de ce parti pour islamophobie et à fondé son propre mouvement, le PVD (le parti de la liberté), qui dispose d'une dizaine de sièges au Parlement.

Wilders est le symbole d'un changement aux Pays-Bas, où une droite dure, nationaliste et xénophobe, a maintenant pignon sur rue. Il fait partie de la même mouvance qu'Hirsi Ali, l'ancienne députée d'origine soudanaise qui ne cesse d'attiser la polémique tout en s'étonnant, ensuite, de recevoir des menaces.

Wilders est un provocateur. Personne ne sait ce qu'il y aura dans son documentaire, qui ne fera pas plus de 7 minutes, et ça n'a pas d'importance. Il veut créer l'événement et il est très fort pour ça. Il n'est pas sûr que son film ait un réel impact ici, car les musulmans néerlandais sont habitués à ses provocations et il semble qu'ils n'aient pas l'intention de tomber dans le panneau. Ses provocations visent surtout l'étranger. Peut-être espère-t-il même un attentat contre lui, pour pouvoir jouer les martyrs."

"La meilleure stratégie, c’est de les laisser parler"

Le commentaire d'Umar Mirza, fondateur d'un blog sur la vie des musulmans néerlandais (Nous restons ici) :

En Hollande, je ne me sens pas menacé en tant que musulman. Il [Geert Wilders] représente une minorité. C'est une minorité qui progresse, certes, mais la majorité des Néerlandais ne sont pas comme lui. Je suis né ici, c'est mon pays. Je ne veux pas me sentir menacé dans mon propre pays et je n'ai aucune intention de partir. C'est pour ça que j'ai appelé mon blog « Nous restons ici ».

Je ne pense pas qu'il veuille un débat entre musulmans et non-musulmans. Il veut juste attirer l'attention sur lui. On est habitué à sa démarche. Après tout ce qui s'est passé ces dernières années, on a appris que la meilleure stratégie c'est de les laisser parler. Je ne pense pas que cette vidéo cause des problèmes ici, en Hollande. Enfin, j'espère. Il est plus probable qu'elle provoque des troubles en Grande-Bretagne, ou dans les pays musulmans. J'espère pourtant qu'ils vont rester calmes et qu'ils ne vont rien faire de stupide.

Je comprends pourquoi le gouvernement pakistanais a fait ça [censurer YouTube]. Ce pays n'est pas démocratique et son gouvernement ne veut pas que la situation devienne incontrôlable. Il ne faut pas comparer avec ce qui se passe ici. C'est facile de critiquer, mais si l'on voit les choses de leur point de vue, la vie de leurs citoyens est plus importante que la liberté d'expression."