ISRAEL

Les vibros sont-ils Kaschers ?

Tel Aviv a organisé son premier festival du sexe du 6 au 8 février. Un événement qui aurait pu passer inaperçu dans de nombreux pays, mais pas en Israël. Vidéo publiée par 'mrsachindixit' le 10 février 2008

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Le Sextival de Tel Aviv, co-organisé par le magazine Playboy et l'ex mannequin Nitzan Kirshenboin, avait pour objectif affiché de réveiller la vie sexuelle des Israéliens. Cette foire permettait de découvrir les godemichets dernier cri, de participer à des formations, ou de contempler des œuvres d'art sexy. Le clou du festival fut l'élection de la meilleure stripteaseuse d'Israël (diffusée en direct à la télévision israélienne). Le premier prix : un séjour dans la célèbre « Playboy mansion» de Hugh Hefner, le patron de Playboy. Malgré quelques protestations, le festival s'est dans l'ensemble déroulé sans accroc.

Vidéo publiée par 'mrsachindixit' le 10 février 2008

 

" Cet événement est le signe de la bonne santé du pays "

Le commentaire de notre Observateur, l'éditorialiste Joe Schalit:

En tant que journaliste vivant à l'étranger, ce qui m'a le plus intéressé c'est que cet événement a prolongé la fascination déjà existante qu'exerce la vie sexuelle des Israéliens sur les médias étrangers. Ca avait déjà commencé avec trois événements récents : les accusations de viol portées contre l'ancien président, Moshe Katsav (notamment le fait qu'il aurait traité l'une de ses employées comme une esclave sexuelle) ; la condamnation de l'ancien ministre de la Justice à des travaux d'intérêt public pour avoir dragué une femme soldat ; et la devenue célèbre couverture de Maxim sur les plus jolies femmes de l'armée israélienne [voir photos plus bas]. Pour les analystes étrangers, ça n'est pas le conflit palestinien qui fait tiquer les Israéliens, mais bien le sexe. (...)

Tel Aviv a organisé ce festival du sexe pour démontrer qu'Israël a une attitude positive face à la sexualité. Une histoire de sexe qui ne serait pas liée à l'armée, comme celle de Maxim, ni à la hiérarchie machiste de la société israélienne, comme les scandales politiques récents. (...)

Lorsque l'on voit à quel point le monde extérieur perçoit Israël à travers le prisme du conflit palestinien, cet intérêt pour le Sextival de tel Aviv a forcément une importance particulière. Cet événement est le signe de la bonne santé du pays, de sa libération sexuelle, qui a naturellement un impact politique. "

" Le porno pour la paix "

Le commentaire de notre Observateur, le blogueur Roi Ben-Yehuda:

En Israël, tout événement prend une signification politique. Un festival du sexe est un événement unique dans la région. Vous n'en trouverez pas en Palestine, en Egypte, en Irak ou en Iran. Comme l'a dit en plaisantant l'organisatrice du festival, Nitzan Kirshenboin : « Nous avons le plus grand nombre de vibros de tout le Moyen-Orient ».

Certains Israéliens peuvent ne pas apprécier ce festival : ils pensent que la ville est en train de se transformer en Babylone ou en Sodome et Gomorrhe. Mais si nous avons la plus grande collection de godemichets du Moyen-Orient, c'est aussi que nous sommes la seule démocratie de la région.

Il y a d'ailleurs certains avantages à « sexualiser » ainsi Israël. D'après Freud, il y a un lien entre l'énergie sexuelle réprimée et les réactions agressives. En d'autres termes, plus les gens auront une vie sexuelle active, moins la société sera violente. Maintenant, j'aimerais bien que nos voisins se mettent aussi au « porno pour la paix ». "

" C’était même pas émoustillant "

Le commentaire de notre Observatrice à Tel Aviv, Lisa Goldman:

C'était juste une foire. Tel Aviv est déjà pleine de sexe shops : ça va du magasin le plus « libéral », destiné aux femmes, au plus glauque, avec des rideaux rouges et des piles de films pornos hardcore sur les étagères. Ce Sextival était juste un moyen de faire de l'argent. La plupart de ceux qui s'y sont rendus étaient des types de la banlieue de Tel Aviv. Les spectacles SM et les stripteases étaient miteux. C'était kitsch et ennuyeux, même pas émoustillant. La seule raison pour laquelle ça a fait la Une des journaux, c'est que ça se passait en Israël, la « Terre Sainte », et que beaucoup de gens n'ont aucune idée de la façon dont nous vivons ici."