AFRIQUE DU SUD

Un blogueur dans les coulisses de l’ANC

Notre observateur, Ndumiso Ngcobo, est le seul blogueur a être accrédité pour couvrir le congrès de l'ANC (African National Congress) qui s'achève vendredi. Il a assisté à l'élection de qui succède à Thabo Mbeki à la tête du parti. Ndumiso Ngcobo suit avec humour le de la conférence et décrypte les paradoxes de l'ANC.

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Notre observateur, Ndumiso Ngcobo, est le seul blogueur a être accrédité pour couvrir le congrès de l'ANC (African National Congress) qui s'achève vendredi. Il a assisté à l'élection de Jacob Zuma qui succède à Thabo Mbeki à la tête du parti. Ndumiso Ngcobo suit avec humour le déroulement de la conférence et décrypte les paradoxes de l'ANC.

 

Le commentaire de Ndumiso Ngcobo, notre observateur sur place

Zuma, qui prend la tête du parti, se distingue profondément de Mbeki. Déjà, ils n'ont pas eu la même trajectoire pour arriver au sommet. Zuma vient d'un milieu populaire, pauvre, et a atteint le sommet grâce à son seul talent et son pragmatisme. Mbeki, lui, est né au sein de l' "aristocratie "et s'est fait à l'idée, dès son plus jeune âge, de prendre la tête de l'ANC. Mbeki est davantage un intellectuel, qui vit dans sa tête le plus clair de son temps. Il est souvent qualifié, à juste titre, de "distant ", et doit se battre pour entrer en relation avec le citoyen lambda. Zuma s'inspire de ses échanges avec ses amis, avec la base du parti et les gens ordinaires. Par ailleurs, Zuma est un pacificateur, qui rassemble, et ne se fige pas lorsqu'on récuse ses idées. A l'inverse, ces derniers jours, Mbeki n'a cessé de durcir ses points de vue.

Mais le passé de Jacob Zuma est un gros nuage noir qui plane au-dessus de sa tête. Lui et ses militants le savent bien. C'est pour cela que certains de ses alliés, douze heures avant son élection, ont demandé l'annulation des charges portées contre lui [plusieurs scandales ont terni son image, ndlr]. La crainte qui domine est que le "camp Mbeki "continue à avoir la main sur les institutions de l'Etat et puisse accélérer le processus judiciaire dans l'espoir de l'affaiblir.

Néanmoins, les membres de l'ANC sont capables d'aller au-delà de leurs divisions. Les dissensions qui se sont développées au sein de l'ANC ces cinq dernières années vont s'estomper. Les rangs vont alors naturellement se resserrer pour forger une certaine unité, quand bien même celle-ci est difficile. Cette unité dépendra toutefois de deux conditions : que le camp Mbeki accepte l'élection de Zuma, et que de son côté Zuma apaise les tensions, en tendant sans hypocrisie un brin d'olivier à l'autre 'camp'".

Posez vos questions à Ndumiso Ngcobo, notre observateur en Afrique du Sud

Plongée dans les coulisses de l’ANC

Dans un style imagé et drôle, Ndumiso Ngcobo critique sur son blogle manque de réalisme et le dogmatisme de l'ANC.

Imaginez un groupe de personnes à l'intérieur d'un sous-marin volant amphibie. Imaginez qu'il embarque d'abord pour une virée sous les flots. Et que tous les passagers s'habituent à vivre sous l'eau, sans savoir que leur embarcation peut aussi voler. Ils finissent par croire que leur vie sous l'eau est la seule possible.

 

Maintenant, imaginez que le sous-marin aérien émerge hors de l'eau et commence à voler. Les passagers devraient alors réaliser ce qui leur arrive en regardant par le hublot. Mais s'ils croient dur comme fer que seule une vie sous l'eau est possible, vous imaginez bien qu'ils ne vont pas prendre la peine de regarder dehors. Imaginez maintenant que vous toquiez à la fenêtre du cockpit, pour essayez de dire au capitaine qu'il n'est plus sous l'eau, mais dans les airs. Il répliquera sans aucun doute : "Ha, ha, ha ! Vous ne comprenez rien au voyage sous-marin ! "Fin de l'analogie.

Je pense que vous voyez où je veux en venir. L'ANC n'a pas seulement besoin d'introspection, elle doit surtout se tourner vers l'extérieur pour trouver les réponses à ses questions. L'organisation ne doit pas se replier sur elle-même pour survivre, mais sonder d'un œil acéré l'environnement dans lequel elle évolue. (...) Les membres de l'ANC ne peuvent pas continuer à vivre au sein de l'organisation comme s'ils vivaient en exil. Ils vivent dans le monde réel, un monde où il est mieux d'avoir plus d'argent que d'en avoir moins. Alors que les ressources se font plus rares, la concurrence va se faire plus rude et la discipline du parti risque de disparaître. Il vaut mieux affronter cette réalité que faire des propositions condescendantes, comme celle de "consolider l'éducation politique "et "convaincre le peuple qu'il est mieux d'avoir moins d'argent que plus d'argent ".

Publié le 18 décembre 2007

Le billet complet sur son blog, The Silwane Files.

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