Tunisie : à Sfax, une vague de violence xénophobe contre les Subsahariens
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Mi-février, une série d'arrestations a ciblé les migrants subsahariens en Tunisie. A Sfax, capitale économique du pays, de nombreux migrants, notamment des ouvriers ivoiriens, burkinabés et sénégalais ont été agressés. Notre Observateur, ouvrier de chantier, décrit un climat de peur.
Attaqués à coup de barres de fer, poignardés, leurs maisons mises à sac : les agressions contre les migrants subsahariens se sont multipliés après que le président tunisien Kaïs Saïed a appelé, 21 février 2023, à expulser les "hordes de migrants clandestins" présents dans son pays, dénonçant un “plan criminel” visant à “modifier la composition démographique”.
Des migrants vivant à Sfax ont filmé un groupe de Tunisiens qui a assiégé leur immeuble, avant de mettre le feu à des chaises devant son entrée, la nuit du 26 février.
Notre Observateur, un ouvrier de chantier burkinabè habitant à Sfax, revient sur cet incident.
Ils ont essayé de forcer la porte. Au début ils n’étaient pas nombreux, ils devaient être quatre ou cinq.
Les jeunes Tunisiens sont alors revenus en lot, une trentaine d’hommes. Bien armés avec des couteaux.
Tous les frères ont fui. Un seul est resté dans la maison. Mais lui c’est un handicapé. C'est lui qui a lancé une vidéo pour supplier en pleurant que l'ambassade doit intervenir d'urgence pour le sauver.
Ils ont saccagé, ils ont volé des biens, ils sont rentrés fouiller, d’abord à la recherche d’argent. Mais il y a eu des blessés.
Pour éteindre la polémique suscitée par ces propos, le président Kaïs Saïed annoncé, le 6 mars, une série de mesures visant à améliorer le quotidien des étrangers, tout en rejetant les accusations de “racisme”. Cependant, les migrants vivent toujours dans un climat de peur et beaucoup n’osent plus sortir de chez eux explique notre Observateur.
[Les Subsahariens] sont terrés dans leurs maisons. Ils ne peuvent pas mettre le pied dans la station de louage [NDLR : transports urbains interrégional].
Sans oublier qu'il y en a aussi beaucoup qui sont mis dehors par leur bailleur.