Persécutés au Yémen, des réfugiés éthiopiens risquent leur vie pour retourner dans leur pays
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Ils avaient fui leur pays dans l'espoir d'aller travailler en Arabie Saoudite. Mais leur route s'est arrêtée au Yémen, pays dont ils ignoraient bien souvent la situation sécuritaire lorsqu'ils ont quitté l'Ethiopie. Pour beaucoup issus de l'ethnie oromo, les réfugiés éthiopiens sont menacés par les rebelles houthis qui contrôlent le nord-ouest du pays. Leur quotidien est devenu invivable, et ils sont de plus en plus nombreux à risquer leur vie et à reprendre la route de leur pays d'origine.
Dans la nuit du 11 au 12 avril 2021, cinquante personnes ont péri dans le naufrage d'une embarcation clandestine au large des côtes djiboutiennes faisant, 50 victimes. À son bord se trouvait une majorité de réfugiés éthiopiens, qui fuyaient le Yémen et tentaient de rentrer au risque de leur vie en Éthiopie, un pays qu'ils avaient fui.
Notre Observatrice Arafat Jibril Barki, avocate et présidente de l’association Oromo Human Rights Organization, tente d'alerter sur le sujet :
Ils venaient au Yémen pour se rendre en Arabie Saoudite. Quand ils arrivent d'Éthiopie, ils débarquent d'abord à Aden. De là, ils prennent des taxis et se rendent jusqu'à Sanaa. Mais dès que [les combattants houthis] voient qu'ils sont noirs, ils les font sortir des taxis, puis les rassemblent et les conduisent au centre de rétention de Sanaa. Ils y sont maltraités, battus, parfois ils n'ont pas de quoi manger. Ils ont donc organisé une grève de la faim [le 4 mars]. Leur principale revendication, c'était d'être rapatriés dans leur pays.
Dans ce centre contrôlé par les rebelles houthis, le 7 mars, la grève des migrants a pris une tournure dramatique : après des affrontements avec les gardes, le centre a été incendié et au moins 44 personnes sont décédées selon les autorités houthis. Les associations de défense des droits des Oromos évoquent de leur côté des centaines de victimes.
Selon l'Organisation internationale pour les migrations, plus de 11 000 migrants ont quitté le Yémen lors de dangereuses traversées en bateau et sont retournés dans leur pays d'origine depuis mai 2020.