Comment l’intelligence artificielle sur Whatsapp peut aider à lutter contre la désinformation
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Depuis le début de la pandémie de Covid-19 en 2020, de nombreux sujets polémiques ont fait l’objet d’une diffusion massive sur les réseaux sociaux de contenus faux, manipulés ou manquant de contexte. Pour faire face à une augmentation très importante des questions de leur public, l’équipe du média espagnol Maldita a créé un bot WhatsApp, aux réponses automatisées. Explications dans notre dernier épisode d’Info ou Intox.
Dès son slogan, le média espagnol Maldita qui lutte contre la désinformation met les lecteurs au cœur du travail avec les journalistes : “Hazte Maldito” (“Fais partie de Maldita !”) invite le public à suggérer des contenus et à poser des questions à l’équipe.
Mais, alors qu’avant la pandémie, Maldita recevait environ 200 messages par jour sur leur numéro WhatsApp, occupant un journaliste à temps plein, ils sont passés à près de 2 000 messages quotidiens après le début de la pandémie en Europe, en mars 2020.
Pour automatiser et centraliser leurs interactions avec leur communauté, Maldita a donc lancé un chatbot WhatsApp : après avoir envoyé un contenu au numéro en question (photo, vidéo, lien, chaîne WhatsApp…), le bot analyse le contenu, et l’utilisateur reçoit automatiquement la vérification si un article a déjà été publié. Si le contenu n’a pas été vérifié, la demande est envoyée aux journalistes, qui reçoivent toutes les demandes similaires regroupées.
Trois exemples de réussite du WhatsApp bot
Alors que d’habitude, les journalistes de Maldita ne verraient un contenu faux qu'à partir du moment de sa diffusion sur les réseaux sociaux, le WhatsApp bot change tout le rythme de la vérification. Voyons trois exemples de son fonctionnement.
En pleine élection présidentielle américaine, le 11 novembre 2020, la rédaction de Maldita reçoit sur leur bot de nombreuses questions à propos d’un message vocal. On entendrait la ministre des Affaires étrangères espagnole, Arancha González Laya, confondre Joe Biden avec Ben Laden dans un message de félicitations pour le candidat démocrate.
En réalité, le message n’était pas de la ministre : Maldita a pu contacter son cabinet et comparer des extraits audios pour le démentir rapidement, et leur vérification a été publiée le soir-même, vingt-quatre heures avant la diffusion massive de l'audio sur les réseaux sociaux.
De la même manière, une vidéo du Parlement du Danemark dont les sous-titres ont été manipulés à deux reprises depuis mars 2021 a pu être détectée grâce au bot WhatsApp. Dans une première version, on pouvait lire que les députés se moquaient de la monarchie espagnole, et dans une deuxième, ils se moquaient d’une proposition pour reconnaître la Catalogne comme un pays indépendant. En réalité, comme on peut le voir dans cette vidéo, la Première ministre danoise ne parlait pas de l’Espagne, mais de l’achat de quatre éléphants par le gouvernement à des cirques pour leur retraite.
Enfin, le bot permet aussi aux journalistes d’être réactifs dans des situations pouvant être dangereuses sur un plan sanitaire. Le 11 février 2021, en plein débat télévisé avant les élections pour la présidence de la Catalogne, des centaines de messages sont remontés par le bot à propos d’un test PCR positif au Covid-19 au nom de Salvador Illa, l’un des candidats présents sur le plateau.
Sur ce sujet très sensible, le bot a permis aux journalistes de commencer à travailler alors que le débat était encore en cours, et de publier un démenti dès le lendemain matin : le test PCR positif avait été truqué.
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