


"Jusqu’aux alentours de midi, chacun était terré chez soi de crainte de se prendre une balle perdue"
Les échanges de tirs entre l’armée malienne et le MNLA ont repris aujourd’hui à partir de 5 heures du matin. Ça a été très intense pendant deux heures, puis la situation est redevenue calme, après que l’armée a déployé ses blindés [La Minusma, la mission onusienne de sécurisation du Mali, est intervenue pour séparer les combattants, qui sont retournés dans leurs camps respectifs.]Jusqu’aux alentours de midi, personne n’a osé mettre le nez dehors, chacun était terré chez soi par crainte de se prendre une balle perdue. Mais cet après-midi, les gens se sont remis à sortir. En général, les gens restent près de chez eux, car des tireurs étaient embusqués dans plusieurs secteurs de la ville.Les accrochages les plus importants sont survenus en centre ville, autour de la Banque malienne de la solidarité, la seule banque que compte Kidal et qui avait rouvert ses portes il y a environ trois semaines. L’objectif de la MNLA était de reprendre le contrôle de cet établissement [La Minusma assure désormais la sécurisation de la banque]. C’est un quartier très vivant, le plus fréquenté de Kidal, car à proximité se trouve le marché central. Aujourd’hui, et cela est bien rare, ce dernier est complètement désert.
Depuis quelques semaines, un climat de renaissance flottait sur Tombouctou
Au moment où l’attentat a eu lieu, je me trouvais à environ un kilomètre, mais l’explosion a été si forte que j’ai pensé qu’elle s’était produite à seulement quelques mètres. Pendant plusieurs minutes, un nuage d’épaisse fumée noire a envahi le ciel. Je me suis alors rendu sur place, où la situation était complètement chaotique, et les dégâts très importants. La déflagration a provoqué un énorme cratère, mais n’a fait "que" deux victimes, car elle est survenue à l’entrée du camp militaire. À l’intérieur du camp, elle aurait fait un véritable carnage.C’est la première attaque kamikaze depuis mars à Tombouctou [il s’agit du troisième attentat suicide de l’histoire de Tombouctou. Les deux premiers ont eu lieu les 21 et 30 mars dernier].Depuis quelques semaines, un climat de renaissance flottait sur Tombouctou. Les personnes qui avaient été déplacées au plus fort du conflit commençaient à revenir. Les commerçants rouvraient leurs boutiques, chacun reprenait peu à peu ses activités. Il y avait un grand sentiment d’apaisement. Mais samedi, cet espoir est lui aussi parti en fumée. La psychose est revenue, les gens se méfient à nouveau les uns des autres [une atmosphère également ressentie par d’autres Observateurs contactés au téléphone]. Aujourd’hui pour que le calme revienne, les habitants souhaitent que de nouveaux check-points soient installés, et que les véhicules entrant dans la ville soient davantage fouillés.