"La seule chose que je crains, c’est qu’ils finissent par s’attaquer à nos sous-vêtements pour en vérifier la couleur"
Autrefois, porter des bottes qui arrivaient au-dessus du genou était considéré comme un crime, pas étonnant que les leggings posent problème. La seule chose que je crains, c’est qu’ils finissent par s’attaquer à nos sous-vêtements pour en vérifier la couleur. Si nous ne portons pas des vêtements foncés, ils pensent qu’on va exciter les hommes.Si seulement, plutôt que de perdre leur temps à arrêter les femmes pour des broutilles, les autorités essayaient de régler les problèmes du quotidien auxquels sont confrontés la majorité des Iraniens.
"On m’a fait signer un formulaire dans lequel j’ai promis que je ne porterai plus de leggings"
Il y a deux ans, j'ai été arrêtée pour avoir porté des leggings. Je me promenais dans le quartier de Vanak, à Téhéran, vêtue de leggings noir et d’un long manteau vert. Une femme de la police de la moralité s’est dirigée vers moi et m'a demandé pourquoi je portais ce type de vêtement. Je lui ai demandé si c’était interdit et elle m’a répondu : "Oui, le gouvernement vient de publier un communiqué : cette tenue est proscrite !"J'ai appelé mon petit ami afin qu’il m’apporte un pantalon ‘’plus décent’’. J'étais sur le point de me changer quand la policière s’est mise à crier: "Ne vous changez pas tout de suite, nous devons prendre des photos de vous portant ce collant !". Ils m’ont prise en photo sous tous les angles possibles et ne m'ont relâchée qu’après avoir signé un formulaire dans lequel j’ai promis que je n’en porterai plus jamais.Il y a quelques jours, alors que je me baladais à nouveau à Vanak, j'ai vu la police religieuse arrêter des femmes en leggings et les embarquer dans leurs fourgons. Une fois dans le bus, j’ai retiré juste devant eux mon tchador pour les provoquer et parce que je savais aussi qu'ils n'allaient pas arrêter le bus pour ça.Les leggings touts simples coûte 200 000 à 400 000 rials [entre 6 et 12 euros] alors qu’un jean coûte au moins 1 million de rials [30 euros]. Beaucoup de femmes préfèrent avoir cinq leggings plutôt qu’un seul jean.Lors de la dernière élection [présidentielle du 14 juin 2013], la police religieuse était plutôt laxiste, désormais on dirait qu’elle souhaite rattraper le temps perdu en imposant une répression encore plus sévère. Aujourd’hui, les leggings sont très populaires en Iran, pourtant les porter constitue un crime.