"Avec 2,5 milliards d’euros, on peut construire 16 000 kilomètres de routes rurales, 25 000 écoles, 16 000 bibliothèques et 25 centres universitaires hospitaliers"
Nous étions quelque 300 manifestants à défiler dimanche 20 mai sur l’avenue Hassan II à Rabat [RFI fait état de 500 manifestants au total dans la vingtaine de ville participantes]. En dehors de "Stop TGV", d’autres mouvements de la société civile ont participé à cette marche pacifique. [Des militants du mouvement contestataire du 20 février étaient présents dans certains cortèges]. Les gens scandaient "J’aime mon territoire, je dis non au TGV", "Le Marzen [le pouvoir marocain] est un tyran, il veut nous imposer son TGV" ou encore "Rendez au peuple les milliards volés".Depuis septembre 2011 et le lancement des travaux, c’est la première fois qu’un rassemblement de ce type a lieu. Pour faire passer notre message, nous nous contentions jusqu’alors de distribuer des tracts ou d’organiser des sit-in et des conférences. Mais comme le temps passe et que rien ne bouge, il fallait une mobilisation plus forte, plus visible. Les réseaux sociaux ont fortement contribué à l’organisation de ces rassemblements. Les manifestations se sont déroulées dans le calme, il n’y a eu ni débordements ni intervention musclée des forces de l’ordre.Drapeau brandi par un manifestant à Rabat. Photo publiée sur Facebook par Hicham BelkouchCe projet de TGV est indécent et une gabegie considérable. Dans les zones rurales, mais aussi dans certaines zones urbaines, les enfants ne vont pas à l’école notamment en raison de l’absence de transports. Les comptables du collectif ont calculé qu’avec 2,5 milliards d’euros, on pouvait construire16 000 kilomètres de routes rurales, 25 000 écoles, 16 000 bibliothèques et 25 centres universitaires hospitaliers – une grande ville comme Agadir n’en compte pas un seul. Ces dépenses excessives vont hypothéquer l’avenir financier du pays pour des années. On peut toujours se féliciter de l’impact économique d’un tel projet mais les sommes folles injectées sont intolérables.Un manifestant porte une pancarte avec un message anti-TGV. Photo publiée sur Facebook par Hicham BelkouchDe plus, en ne convoquant pas de référendum, les autorités ont failli dans leur tâche. C’est un dispositif de grande ampleur qui a été adopté de façon arbitraire et qui profitera aux plus riches, soit une poignée de Marocains.