Une vidéo tournée lors d’une manifestation à Victoriaville (170 km à l’est de Québec) montre un policier pointer une foule avec une arme, puis un manifestant par terre, l’arrière de la tête en sang. Selon les organisateurs, ces images sont la preuve que les forces de la sûreté québécoise (SQ) ont visé les manifestants au visage avec des balles en plastique. L’auteur de la vidéo témoigne.
Depuis plus de trois mois, le pays vit au rythme d’une
fronde étudiante sans précédent contre une hausse de 75% des droits de scolarité décrétée par le Premier ministre. Le mouvement contestataire s’est peu à peu étendu aux syndicats qui dénoncent la
politique d’austérité menée par le gouvernement. Selon les observateurs, il s’agirait de la mobilisation la plus importante de l’histoire du Québec.
Cette vidéo a été filmée par William Ray qui a expliqué à la presse canadienne avoir filmé trois séquence à quelques seconde d'intervalles. Il dit avoir éteint sa caméra quand le policier a tiré pour porter secours à l'étudiant blessé. Les images ne permettent pas de confirmer que l'étudiant parterre a été touché par un tir policier.
Comme souvent depuis le début de la contestation, la manifestation de Victoriaville a rapidement dégénéré en violentes échauffourées, la police répondant aux jets de pierre des manifestants par des gaz lacrymogènes. Des deux côtés, de nombreux blessés ont été dénombrés. Mais cette fois,
les organisateurs ont dénoncé une "escalade de la répression" de la part des forces de police, les accusant d’avoir mis en danger la vie des manifestants en utilisant, entre autres, des balles en plastique. Trois d’entre eux ont été grièvement blessés vendredi, notamment Alexandre Allard, un étudiant de l’université de Laval victime d’un traumatisme crânien et toujours hospitalisé. Les organisateurs de la manifestation s'appuyent sur une vidéo, qui montre le jeune homme blessé, pour demander l’ouverture d’une enquête.
Sur cette version ralentie de la vidéo, un arrêt sur image (seconde 0'5)permet d'identifier un policier en train de viser quelqu'un avec une arme. Selon les manifestants, un collègue à sa gauche lui indique une cible.
Pour la première fois depuis vendredi,
la sûreté du Québec a laissé entendre lors d’une conférence de presse jeudi matin que la blessure pourrait avoir été causée par un projectile utilisé par l’un de ses hommes. Jusque là,
la SQ s’était toujours défendue d’être à l’origine des blessures des trois jeunes, dont l’un a perdu l’usage d’un oeil. Le ministre de la Sécurité publique a toutefois fait savoir qu’aucune enquête ne serait ouverte tant qu’il n’aurait pas été établi que la blessure a été causée par un policier.