Christian était devant le QG de campagne du RHDP, le mouvement d’Alassane Ouattara, qui a été attaqué. Il a filmé la scène.
J’étais à la mairie de Cocody pour aller chercher des papiers et, en passant, j’ai vu qu’il se passait des choses inhabituelles devant la maison du Parti démocratique de Côte d'Ivoire [le RHDP a installé son siège dans les locaux du PDCI, le parti d’Henri Konan Bédié, NDLR]. En m’approchant, j’ai croisé des jeunes de RHDP en pleine fuite, dont certains étaient blessés. J’ai passé 45 minutes devant la maison du parti en filmant par intermittence, parce que si on m’avait vu, je me serais fait tabasser.
Les jeunes qui encerclaient la maison du RHDP étaient particulièrement énervés, ils faisaient n’importe quoi. Ils avaient des bouteilles, des gourdins et jetaient des pierres et toutes sortes de projectiles. J’en ai vu deux avec des pistolets, mais ils ne s’en sont visiblement pas servis.
En parlant aux gens, j’ai compris que tout a été déclenché par le fait que des jeunes du RHDP sont allés manger, après une réunion de leur parti, dans l'un des restaurants situés aux abords de la cité universitaire Mermoz, où sont logés des membres de la FESCI. L’un des jeunes portait un t-shirt à l’effigie d’Alassane Ouattara. Des gars de la Fesci ont pris ça pour une provocation et les ont tabassés [selon une déclaration du
responsable de la Fesci, les jeunes du RHDP étaient venus pour 'enlever' l'un des leurs, il s’agissait donc de '
légitime défense']. Lorsque les blessés sont revenus au siège du RHDP, d’autres membres du mouvement ont décidé de retourner à la cité universitaire pour se venger. En chemin, ils sont tombés sur les membres de la Fesci déjà en ordre de bataille, avec du renfort. La plupart des membres du RHDP ont fui ; quelques-uns se sont réfugiés dans la maison du parti qui a donc été attaquée par leurs adversaires.
C’est toujours comme ça : le patron de la police n’a pas donné l’ordre de calmer les étudiants parce qu’il sait que ces jeunes sont les protégés du pouvoir. Tout le monde a peur d’eux aujourd’hui. Ils ont tous
les privilèges. C’est eux qui tiennent la cité universitaire. Des quotas de logements leur sont réservés et ils les louent ensuite à prix d’or. Ils taxent tous les commerces qui sont aux abords de la cité. L'un des leurs tient même
une boîte de nuit sur le campus.
D’ailleurs, parmi les membres de ce syndicat étudiant, tout le monde n’est pas à l’université. Certains étudiants non affiliés à la Fesci ont donc été délogés pour laisser la place à des membres du mouvement qui sont nourris, logés, blanchis et prêts à la bagarre. La Fesci est utilisée comme le bras armé du LMP."
Photos envoyées par notre Observateur.